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Coup de coeur du Cercle de lecture du 3 juin 2018

Ce roman autobiographique, trouvé en 1960 dans la serviette de l'auteur lors de l'accident qui lui coûtera la vie, ne sera publié qu'en 1994, 34 ans plus tard. À travers le personnage fictif de Jacques Corméry, Camus raconte de façon très émouvante son enfance de pied-noir en Algérie. À la demande de sa mère, Jacques, âgé de 40 ans et qui vit en France, se rend à Saint-Brieuc sur la tombe de son père décédé en 1914 à l'âge de 29 ans, un an après sa naissance. Cette visite au cimetière va l'inciter à se mettre en quête de ce père dont la mémoire ne lui a pas été transmise par son milieu familial. Poursuivant ses recherches, Jacques rend visite à sa mère en Algérie, retourne à Bône (aujourd'hui Annaba), ville de son enfance. Il ne récolte qui peu de souvenirs. L'absence du père est un des thèmes de ce roman.
Alors les souvenirs de Jacques remontent à la surface, ceux de son enfance heureuse dans une famille pauvre et illettrée. Il a été élevé par sa grand-mère, une femme volontaire et tyrannique qui gouverne le clan. Il évoque avec infiniment de tendresse sa mère, une femme aimante, discrète, soumise, murée dans sa surdité et qui délègue son rôle à la grand-mère. L'instituteur joue un rôle-clé dans le parcours de Jacques : c'est lui qui va l'aider à poursuivre ses études. L'éducation est un autre thème cher à Camus.
Ce très beau roman, est intéressant à plus d'un titre, notamment parce qu'il jette un éclairage bienveillant sur les Français d'Algérie, pour la plupart des gens pauvres qui ont émigré en quête d'une vie meilleure.