Voici un roman raffiné qui mêle astucieusement des faits historiques avérés à des événements et des personnages tout droit sortis de l'imagination de son auteure. Du début à la fin du livre, le lecteur va s'émouvoir au récit d'une histoire d'amour hors du commun.  Au début du 17e siècle, Carlos, roi d'Espagne (personnage fictif), élève sa fille, l'infante Maria Concepcion de los Lloros, pour régner. Un jour, un corsaire du roi amène à la cour une centaine d'esclaves trouvés sur un bateau turc, parmi lesquels un garçon de huit ans allongé sur une civière, mangé de fièvre parce qu'il a été sauvagement châtré. L'infante, qui a dix ans, dit à son père qu'elle le veut à son service. Elle le prénomme Girolamo. Soigné par une sage-femme, le garçon retrouve toute sa vigueur. L'enfance du jeune eunuque et de l'infante va être des plus heureuses, mais aussi des plus studieuses. Ils vont, tous les deux, être initiés au latin, au grec, à la géographie, aux mathématiques, aux langues, aux généalogies des familles nobles, à la médecine, mais aussi à l'agriculture, à l'élevage, au maniement des armes et à l'art de la guerre. Maria, qui a maintenant quinze ans, se révèle une jeune fille intelligente, cultivée, autoritaire, volontaire, ambitieuse, orgueilleuse et de plus très belle, toutes qualités qui siéent à une future reine. Son père veut avant tout faire de sa fille une femme de pouvoir à l'égal des hommes. En France, Henri IV vient d'être assassiné. Son fils Édouard (personnage fictif) monte sur le trône. Maria va l'épouser et devenir reine de France. Ce mariage de raison d'État, comme c'est rarement le cas, va être un mariage d'amour. Un fils naîtra de cette union. Girolamo la suit dans ce pays affaibli par les guerres de religion. Maria y établit son pouvoir en participant aux réunions du Conseil aux côtés de son mari. La vie à la Cour avec ses nobles, ses cérémonies, est décrite avec beaucoup de réalisme et d'humour.  Le roi Carlos décédé, c'est son fils Juan qui lui succède sur le trône d'Espagne. En dépit des efforts diplomatiques déployés par Maria, une bataille contre l'Espagne ne peut être évitée. Girolamo s'y illustre par son courage, mais Édouard y perd la vie, tout comme Juan, le frère de Maria. Le règne de Juan aura été de courte durée ! Effondrée, Maria organise les obsèques d'Édouard, mais, menée par son ambition, elle se rend à la Cour d'Espagne où, ayant d'abord refusé la régence (son frère ayant un fils encore très jeune), elle devient reine d'Espagne en dépit de la loi salique.  À la fin de son règne, Maria, qui a vu l'horreur des champs de bataille, rêve d'une Europe unie pour faire régner la paix. Pour cela, elle parcourt le continent dans tous les sens. Les rois se moquent bien de cette chimère. Girolamo est continuellement auprès de Maria, la soutient dans ses choix, ses projets ambitieux ou utopiques. Elle ne peut vivre sans lui, son âme sœur, son jumeau. Et le soir, c'est chastement enlacés qu'ils retrouvent l'intimité troublante qui jamais ne versera dans l'amour charnel. Au seuil de la mort, Maria fait promettre à Girolamo de rédiger son histoire. Il y consent et reçoit de la mourante la plus sincère déclaration d'amour. C'est donc Girolamo qui écrit dans la précipitation ce récit que le lecteur a sous les yeux : la vie d'une reine, mais surtout de la femme qu'il a aimée par-dessus tout et qu'il a décidé, sa promesse remplie, de rejoindre dans une longue dormition.