Pont sur la Drina (Le) / Ivo ANDRIC (1994)
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Cote | Section | Disponibilité |
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R-86 AND3650 p | Romans adultes | Disponible |
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Coup de coeur du Cercle de Lecture du 22 octobre 2017
Par Françoise DELSEMME le 16/02/2018
Paru en 1945, ce magnifique roman commence par une description minutieuse de ce pont aux courbes majestueuses qui, avec ses 11 arches, enjambe les eaux turquoise de la rivière Drina. En son milieu se trouve la « kapia », ensemble de deux terrasses en saillies, où les habitants de la petite ville de ViSegrad, en Bosnie-Herzégovine, ont pris l'habitude de se réunir pour palabrer, manger, chanter et parfois vivre leurs premiers émois amoureux.
Ce livre se veut la chronique des événements qui se sont déroulés autour du pont, et des nombreux sursauts de l'histoire qui ont malmené cette Bosnie, véritable carrefour entre l'Orient et l'Occident. ViSegrad est peuplée de Bosniaques, mais aussi de Serbes, de Croates, de Turcs, de Tziganes... de catholiques, d'orthodoxes, de juifs, de musulmans... tous cohabitant vaille que vaille. Le lecteur est invité à les suivre dans leurs vies quotidiennes pendant près de quatre siècles.
C'est sur ordre du vizir Mehmed Pacha Sokoli (natif de la région de ViSegrad, enlevé et emmené de force en Turquie pendant son enfance) qu'à la fin du 16e siècle les longs et difficiles travaux de construction du pont sont entrepris et menés à bien. L'ouvrage doit faciliter les déplacements vers Sarajevo et les autres régions du vaste empire ottoman.
En 1878, la Bosnie est occupée militairement par l'Autriche-Hongrie, qui l'annexe trente ans plus tard. Le pont voit défiler les troupes qui quittent les lieux et celles qui arrivent : un chamboulement qui exacerbe les patriotismes. Durant l'été 1914, sur la kapia, une affiche annonce l'attentat perpétré le 28 juin à Sarajevo par l'étudiant serbe Gavrilo Princip sur l'archiduc François-Ferdinand et son épouse. Le 28 juillet, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie, lançant l'engrenage infernal qui mènera en une semaine à la Grande Guerre. Durant 11 mois, ViSegrad, ville-frontière, se retrouve sous le feu des canons autrichiens et serbes. Les habitants fuient ou se terrent chez eux pour échapper aux bombardements mais aussi à une terrible épidémie de typhus. Le pont autour duquel le destin de la petite ville s'est accroché génération après génération est partiellement détruit. Avec lui, c'est un monde qui s'écroule.
L'auteur utilise des personnages fictifs pour exprimer de façon attachante le vécu, les sentiments et les réactions de ce peuple mis à rude épreuve. Le lecteur n'oubliera pas Salko le borgne, Radisav, Fata, Lotika et Ali Hodja qui rend l'âme à la dernière ligne de cette chronique.
Roman dense, foisonnant et passionnant, qui devrait inciter le lecteur à ouvrir un atlas historique et à s'intéresser à l'histoire des Balkans, une des histoires les plus mouvementées de l'Europe. Andrić est un magnifique conteur, sans doute influencé par la tradition orale à l'ère ottomane. Son amour pour cette région qui l'a vu naître transparaît dans sa manière claire et précise de décrire les lieux, les événements, les inondations, les bouleversements, les drames, les violences, les cruautés qui émaillent son récit. Il a obtenu le prix Nobel de littérature en 1961.
Ce livre se veut la chronique des événements qui se sont déroulés autour du pont, et des nombreux sursauts de l'histoire qui ont malmené cette Bosnie, véritable carrefour entre l'Orient et l'Occident. ViSegrad est peuplée de Bosniaques, mais aussi de Serbes, de Croates, de Turcs, de Tziganes... de catholiques, d'orthodoxes, de juifs, de musulmans... tous cohabitant vaille que vaille. Le lecteur est invité à les suivre dans leurs vies quotidiennes pendant près de quatre siècles.
C'est sur ordre du vizir Mehmed Pacha Sokoli (natif de la région de ViSegrad, enlevé et emmené de force en Turquie pendant son enfance) qu'à la fin du 16e siècle les longs et difficiles travaux de construction du pont sont entrepris et menés à bien. L'ouvrage doit faciliter les déplacements vers Sarajevo et les autres régions du vaste empire ottoman.
En 1878, la Bosnie est occupée militairement par l'Autriche-Hongrie, qui l'annexe trente ans plus tard. Le pont voit défiler les troupes qui quittent les lieux et celles qui arrivent : un chamboulement qui exacerbe les patriotismes. Durant l'été 1914, sur la kapia, une affiche annonce l'attentat perpétré le 28 juin à Sarajevo par l'étudiant serbe Gavrilo Princip sur l'archiduc François-Ferdinand et son épouse. Le 28 juillet, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie, lançant l'engrenage infernal qui mènera en une semaine à la Grande Guerre. Durant 11 mois, ViSegrad, ville-frontière, se retrouve sous le feu des canons autrichiens et serbes. Les habitants fuient ou se terrent chez eux pour échapper aux bombardements mais aussi à une terrible épidémie de typhus. Le pont autour duquel le destin de la petite ville s'est accroché génération après génération est partiellement détruit. Avec lui, c'est un monde qui s'écroule.
L'auteur utilise des personnages fictifs pour exprimer de façon attachante le vécu, les sentiments et les réactions de ce peuple mis à rude épreuve. Le lecteur n'oubliera pas Salko le borgne, Radisav, Fata, Lotika et Ali Hodja qui rend l'âme à la dernière ligne de cette chronique.
Roman dense, foisonnant et passionnant, qui devrait inciter le lecteur à ouvrir un atlas historique et à s'intéresser à l'histoire des Balkans, une des histoires les plus mouvementées de l'Europe. Andrić est un magnifique conteur, sans doute influencé par la tradition orale à l'ère ottomane. Son amour pour cette région qui l'a vu naître transparaît dans sa manière claire et précise de décrire les lieux, les événements, les inondations, les bouleversements, les drames, les violences, les cruautés qui émaillent son récit. Il a obtenu le prix Nobel de littérature en 1961.