Le héros, Benjamin, nous plonge dans le Paris de l'Occupation, le New York des années 50, l'Italie des Brigades Rouges, les barricades de mai 68 et Beyrouth en flammes. Le portrait de Benjamin commence par celui d'un jeune homme âgé de vingt ans qui a tout ce qu'il faut pour devenir le plus brillant des lettrés, le plus efficace des financiers, un juriste hors pair. Or il se sent petit à petit glisser dans un abîme où la lumière du jour ne parvient plus. Il ne fait plus rien de ses journées. Il s'oriente vers un idéal révolutionnaire qui le conduit à se présenter chez Renault où il travaille à la chaîne sous une identité d'emprunt. Il se sent culpabilisé par rapport aux actes supposés de son père, selon la version qui lui a été donnée par son oncle paternel, devenu son beau-père. En fait, celui-ci porte une grande part de responsabilité dans la condamnation, suivie de l'exécution, du père de Benjamin qui s'était compromis avec l'occupant. Suite à la mort de sa mère, la cohabitation entre les deux hommes est de plus en plus difficile et Benjamin s'évade autant qu'il le peut. Après de multiples péripéties liées au terrorisme, Benjamin, homme traqué et aux abois, découvre qu'il ne s'y était lancé que pour assouvir une vengeance personnelle. Il s'agit à la fois d'un roman d'amour, d'une saga familiale et d'un thriller. On y dénote une grande variété de styles, une écriture soignée, des personnages attachants qui se mettent à nu et nous émeuvent par leur profondeur. Premier roman de Bernard-Henri Lévy, il a remporté le Prix Médicis 1984. (Coup de coeur, cercle de lecture du 18/10/2015)