Complot contre l'Amérique (Le) / Philip ROTH (2006)
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R-1 ROT 6490 c | Romans adultes | Disponible |
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Coup de coeur du Cercle de Lecture du 22 octobre 2017
Par Françoise DELSEMME le 16/02/2018
L'auteur propose une uchronie (que serait-il arrivé si... ?) se déroulant dans les États-Unis de 1940 à 1942. Le lecteur européen peu familier avec le contexte de l'époque pourra trouver utile de commencer (bizarrement) sa lecture par la fin : le long post-scriptum décrivant les « vrais » événements de l'époque, en particulier la réélection en 1940 du président Roosevelt, convaincu que les États-Unis devaient entrer en guerre mais ne pouvant l'imposer face à un fort mouvement isolationniste comptant parmi ses sommités le colonel Lindbergh, adulé après sa traversée en solitaire de l'Atlantique et l'enlèvement suivi de mort de son bébé d'un an, admirateur de l'Allemagne nazie et n'hésitant pas à dénoncer dans ses discours les sommités juives voulant entraîner malgré lui le pays dans une nouvelle guerre.
L'histoire bascule quand Lindbergh accepte de devenir candidat du parti républicain à l'élection de fin 1940, qu'il remporte sur Roosevelt. Devenu président, Il écarte la menace de guerre en signant des accords de non-agression avec l'Allemagne et le Japon. Ensuite, son gouvernement fait voter une loi visant à réduire l'influence des Juifs en démantelant les quartiers urbains juifs par la dispersion plus ou moins forcée de leurs habitants dans l'ensemble du pays « pour les américaniser ».
L'auteur raconte l'uchronie vue par ses propres yeux : que me serait-il arrivé si... ? Enfant d'une huitaine d'années, habitant un quartier juif de Newark sur la côte est, il est « relocalisé » avec sa famille. Cela se passe de plus en plus mal : perdant le réconfort de leurs quartiers, ils se retrouvent confrontés à un racisme qui ne se cache plus, menant même à des émeutes et à des pogroms quand l'avion du Président Lindbergh (que celui-ci pilote lui-même pendant ses tournées) disparaît sans laisser de trace, et que beaucoup crient à un complot juif contre l'Amérique. Pendant un moment, il semble même que les États-Unis vont basculer dans un régime fasciste. Une fin heureuse assez improbable interviendra quand de nouvelles élections fin 1942 ramèneront Roosevelt au pouvoir et qu'un Pearl Harbor tardif remettra l'histoire plus ou moins sur nos rails.
Les amateurs d'uchronie pourront être déçus par le fait que deux ans de parenthèse isolationniste semblent n'avoir guère eu d'effet sur la guerre, qui se terminera en 1945 comme si de rien n'était : l'histoire est totalement centrée sur la vie du narrateur et de sa famille, comme si le reste du monde était anesthésié. En outre, on n'y parle que de racisme anti-juif, en passant sous un silence total le racisme anti-noir pourtant prédominant à l'époque. Le récit n'en reste pas moins prenant, en décrivant de l'intérieur les drames individuels et collectifs d'un présent devenu plein de menaces et d'un avenir brusquement bouché, le tout vu par les yeux d'un enfant totalement désemparé et qui s'efforce désespérément de s'adapter à un monde bouleversé.
L'histoire bascule quand Lindbergh accepte de devenir candidat du parti républicain à l'élection de fin 1940, qu'il remporte sur Roosevelt. Devenu président, Il écarte la menace de guerre en signant des accords de non-agression avec l'Allemagne et le Japon. Ensuite, son gouvernement fait voter une loi visant à réduire l'influence des Juifs en démantelant les quartiers urbains juifs par la dispersion plus ou moins forcée de leurs habitants dans l'ensemble du pays « pour les américaniser ».
L'auteur raconte l'uchronie vue par ses propres yeux : que me serait-il arrivé si... ? Enfant d'une huitaine d'années, habitant un quartier juif de Newark sur la côte est, il est « relocalisé » avec sa famille. Cela se passe de plus en plus mal : perdant le réconfort de leurs quartiers, ils se retrouvent confrontés à un racisme qui ne se cache plus, menant même à des émeutes et à des pogroms quand l'avion du Président Lindbergh (que celui-ci pilote lui-même pendant ses tournées) disparaît sans laisser de trace, et que beaucoup crient à un complot juif contre l'Amérique. Pendant un moment, il semble même que les États-Unis vont basculer dans un régime fasciste. Une fin heureuse assez improbable interviendra quand de nouvelles élections fin 1942 ramèneront Roosevelt au pouvoir et qu'un Pearl Harbor tardif remettra l'histoire plus ou moins sur nos rails.
Les amateurs d'uchronie pourront être déçus par le fait que deux ans de parenthèse isolationniste semblent n'avoir guère eu d'effet sur la guerre, qui se terminera en 1945 comme si de rien n'était : l'histoire est totalement centrée sur la vie du narrateur et de sa famille, comme si le reste du monde était anesthésié. En outre, on n'y parle que de racisme anti-juif, en passant sous un silence total le racisme anti-noir pourtant prédominant à l'époque. Le récit n'en reste pas moins prenant, en décrivant de l'intérieur les drames individuels et collectifs d'un présent devenu plein de menaces et d'un avenir brusquement bouché, le tout vu par les yeux d'un enfant totalement désemparé et qui s'efforce désespérément de s'adapter à un monde bouleversé.