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Avis de trois lecteurs

Ce bref roman (120 pages) est le long monologue intérieur d'un narrateur anonyme de 45 ans affecté par le syndrome d'Asperger, une forme d'autisme caractérisée par le refus de toute hypocrisie dans les relations sociales, associé à des intérêts restreints et à des comportements répétitifs : ainsi, le narrateur ne s'intéresse qu'aux catastrophes aériennes et au scrabble. Malgré un QI de 150, il n'a jamais travaillé et vit avec son père d'une petite pension de handicapé. (On devine que l'auteur, psychiatre, s'est inspiré de patients réels.)

Prétexte du monologue : les obsèques d'une grand-mère quasi centenaire. Une dame de la paroisse débite un laïus convenu présentant la défunte comme pleine de vertus, alors que le narrateur sait bien qu'elle était avare, méchante, peu intelligente, et qu'elle trompait un mari qu'elle a amené par son comportement à boire jusqu'à ce qu'il en meure.

Dans la foulée, le narrateur évoque sans fard tous les secrets de famille et toutes les hypocrisies, passant à la moulinette ses deux tantes et ses deux cousines, ne disant un peu de bien que de deux hommes, son autre grand-père et un cousin par alliance. La seule femme à trouver grâce à ses yeux est Sophie, une ancienne camarade d'école dont il est depuis trente ans amoureux fou... mais toujours de loin.

Le lecteur ne peut s'empêcher de rire devant la férocité de portraits écrits avec un humour dévastateur, et de s'apitoyer sur cet amour sans espoir... jusqu'à recevoir en plein visage une révélation tardive sur le comportement du narrateur, glaçant mais pour lui totalement logique et plein de rectitude : pour lui, il marche droit... même si pour le reste du monde il tourne en rond.