Résumé : |
Loin de l'image d'une "frontière linguistique" imperméable depuis la fin de l'époque romaine, les recherches récentes en matière de toponymie, d'étude documentaire et linguistique montrent au contraire que les alentours de Bruxelles ont été depuis longtemps une terre de métissage. Déjà sous l'Ancien régime, de nombreuses familles locales utilisent régulièrement le français dans leur vie quotidienne et cette tendance se renforce, même dans les classes inférieures, bien avant l'arrivée massive des "immigrés" wallons ou bruxellois au début du XXe siècle. L'urbanisation de Bruxelles entraîne alors un exode massif vers les communes verdoyantes de la Périphérie, qui se francisent largement... avec l'accord de leurs habitants ! Le lotissement de surfaces agricoles, la création de nouveaux quartiers équipés de tout le confort moderne, reliés à la ville par des moyens de transport efficaces, ne se fait pas en effet sans l'aval des autorités locales et d'une bonne partie de la population, soucieuses d'attirer de nouveaux contribuables ou de réaliser une plus-value sur leurs terres. Ce n'est qu'à partir des années 1930, puis encore plus après la guerre, lorsque les recensements font apparaître l'importance de la "tache d'huile" francophone, que le climat se modifie peu à peu. Jusque-là bienvenus, les francophones deviennent une menace pour le caractère flamand de la périphérie, que la fixation de la frontière linguistique en 1962-1963 a définitivement rattachée à la région de langue néerlandaise. |