Au vu de sa situation personnelle de Libanais installé en France depuis 1978, on demande souvent à l'auteur s'il se sent plutôt français ou plutôt libanais. Il répond : l'un et l'autre. Cette appartenance multiple (deux pays, deux ou trois langues, différentes traditions culturelles) définit son identité qui fait de lui un être unique. Pourquoi devrait-il choisir une identité plutôt qu'une autre ? Maalouf cerne la notion très complexe de l'identité. L'identité peut donc être multiple : nationalité, sexe, langue, classe sociale, religion, groupe ethnique, couleur de peau, préférences sexuelles... Elle n'est pas fixée une fois pour toutes, elle se construit et se transforme tout au long de la vie.  Les communautés humaines qui se sentent menacées ou humiliées ont plus de probabilité de produire des tueurs qui estimeront leur réaction légitime. Il faut donc éviter de créer des circonstances qui risquent de déclencher ces dérives meurtrières. Maalouf, qui a vécu la situation d'immigré en France, peut affirmer que plus l'immigré sentira sa culture d'origine respectée, plus il s'ouvrira à la culture du pays qui l'accueille. Elle épingle l'influence des sociétés sur les religions en donnant l'exemple des musulmans du Tiers-Monde qui s'en prennent à l'Occident. Ils sont pauvres, souvent dominés. À l'inverse, l'Occident est riche et puissant. On ne se soucie pas assez de l'influence des peuples et de leur histoire sur les religions. Cet essai est d'une lecture très agréable par son style fluide mais aussi par la clarté du propos. Des exemples bien choisis parlent au lecteur, suscitent sa réflexion et remettent parfois en cause ses croyances et ses certitudes.